L’interaction directe concerne toutes les fonctionnalités et outils qui rendent possibles les échanges interpersonnels lors d’une formation à distance. Les technologies disponibles permettent de réaliser des interactions immédiates, particulièrement en contexte de formation synchrone ou hybride, ou encore différées pour convenir à des temporalités asynchrones.
Faisons un tour d’horizon des différentes manières dont il est possible de mettre en place de l’interaction directe en formation à distance. Nous en profiterons pour présenter quelques logiciels et plateformes intéressantes.
Le courriel
Dans l’histoire de la formation à distance par le biais des technologies connectées, le courriel a tôt représenté un moyen efficace de s’adresser directement à ses partenaires de projet ou à ses tuteurs, formatrices ou enseignants. Encore aujourd’hui, le courriel est un des mediums de communication les plus répandus en FAD.
Les usages du courriel sont multiples. Il peut tout aussi bien servir :
- aux échanges administratifs : envoi de relevés de notes,
- qu’au partage de matériel didactique : envoi du document de présentation avant la session de formation,
- ou encore aux échanges de discussion brefs : une personne souhaite poser des questions suite au visionnement d’une vidéo pédagogique.
Un des autres avantages du courriel est qu’il est possible de joindre à son message écrit des documents complémentaires dans des formats variés et d’insérer des liens cliquables vers des ressources en ligne.
Cependant, l’interaction par courriel peut s’avérer peu ergonomique si l’objectif est de développer une longue discussion sur un sujet donné.
Les plateformes de clavardage
Prenons le cas d’un groupe d’étudiant·es qui doit réaliser un exercice collectif et souhaite s’organiser : qui est disponible quand, comment aborder l’exercice, etc. La conversation par courriels interposés peut vite devenir difficile à suivre au fur et à mesure que chacun·e répond. Il serait peut-être préférable à ce moment de se diriger vers d’autres outils, comme les plateformes de clavardage.
L’avantage de ces plateformes est qu’elles permettent d’avoir des discussions plus instantanées et suppriment un écueil qui peut survenir avec les courriels : qui a écrit avant ? Qui répond à quoi ? En effet, les messages sont envoyés en temps réel sur la plateforme, ce qui permet d’éviter le décalage qui peut survenir avec les courriels.
Les échanges peuvent aussi prendre une forme plus libre et spontanée sur les plateformes de clavardage que par courriel.
De plus elles intègrent souvent de nombreuses fonctionnalités utiles et de plus en plus complexes. Si on prend l’exemple de Mattermost, une plateforme peut offrir les options suivantes :
- la discussion instantanée,
- la possibilité de conserver les messages pour les relire par la suite,
- la réponse directe à des messages,
- le partage de documents et de liens vers des ressources en ligne,
- la gestion d’un ou plusieurs canaux de conversation,
- l’identification par tag d’une ou plusieurs personnes dans un message,
- la possibilité de recevoir des notifications et de suivre des mots-clés définis.
Mattermost est une plateforme libre et gratuite conçue pour être installée sur le serveur de votre établissement ou organisme. Une fois installée, l’application peut être utilisée pour créer des groupes de travail et chaque groupe peut configurer son espace de travail en créant des canaux de conversation thématiques, notamment.
Une version, toujours libre et gratuite, mais hébergée en ligne existe également : Framateam, développée par Framasoft. Retrouvez sur le site Framablog une présentation des fonctionnalités de Framateam et une mise en situation concrète du potentiel de cet outil.
L’édition de documents en simultané
Les groupes qui doivent travailler ensemble sur le même exercice peuvent aussi compter sur un autre outil : les plateformes d’édition de documents en simultané, aussi appelées « pad ».
Un « pad » est un éditeur de texte collaboratif en ligne. Les contributions de chaque utilisateur sont signalées par un code couleur, apparaissent à l’écran en temps réel et sont enregistrées au fur et à mesure qu’elles sont tapées.
Framapad.org
L’avantage de ce type d’outils est qu’il permet à plusieurs personnes de modifier un document donné en même temps et de s’assurer de toujours travailler sur la version la plus à jour du document. Ce type d’outils évite donc la confusion que pourrait représenter la coexistence de plusieurs versions du même document.
En bonus, de plus en plus de plateformes d’édition de documents en simultané intègrent un module de clavardage. Cela n’a pas la même finalité que les plateformes de clavardage plus complexes, mais peut permettre aux membres de l’équipe de se mettre d’accord rapidement sur une modification du document de travail.
Quelques exemples d’outils : Framapad ou Pad Colibri pour le travail sur un seul document à la fois, Etherpad ou Google Docs pour le travail simultané associé à une gestion de dossiers de fichiers.
Les commentaires
La dernière manière d’interagir par écrit que nous allons aborder est la possibilité de laisser des commentaires sur des publications. Bien que ce type d’interaction soit généralement moins dynamique et instantané que les modalités présentées plus haut, il n’en demeure pas moins intéressant, par exemple en formation asynchrone.
Il est possible de laisser des commentaires sur plusieurs formats de ressources :
- les vidéos : les plateformes les plus courantes de mise en ligne de vidéos comme YouTube, Dailymotion et Vimeo incluent pour chaque vidéo un module permettant aux personnes qui la visionne de laisser des commentaires. Il est possible de commenter directement la vidéo, de laisser une appréciation non-verbale et de répondre directement aux commentaires laissés par d’autres personnes. Même si vous n’hébergez pas vos vidéos sur ces plateformes, mais que vous utilisez, par exemple le site de votre établissement ou un site de type Moodle, il existe des modules qui peuvent être installés pour ajouter cette fonctionnalité.
- Les sites internet : selon le contexte de formation, vous pouvez permettre aux apprenant·es d’avoir des espaces de commentaire et de discussion sur des pages de site internet, par exemple pour commenter un article après lecture.
- Les blogues : dans l’idée de laisser aux apprenant·es un espace d’échange et de commentaires, nous pouvons penser à l’utilisation des blogues. C’est un outil participatif qui peut s’avérer très dynamisant car il permet aux étudiant·es d’échanger leurs points de vue, de demander conseil ou encore de discuter d’un cours en particulier à travers une interface simple d’utilisation et moins formalisée.
Prenons l’exemple du site Web du cours EDU 1020 Stratégies d’intervention éducative auprès des adultes dispensé par Madame Béatrice Pudelko, Ph.D., professeure au Département Éducation de l’Université TÉLUQ. Un blogue est intégré au cours pour permettre aux étudiant·es d’échanger sur le cours.
L’audio
Les interactions par audio peuvent prendre plusieurs formes, synchrones ou asynchrones, et utiliser plusieurs types de technologies.
Le téléphone, tout d’abord, peut servir à passer des appels ou laisser des messages audio. Selon le contexte, cela peut être très pratique, mais aussi représenter des frais importants, surtout si les interlocuteurs·trices ne sont pas dans la même ville. Pour pallier cet enjeu, les plateformes d’appel par Internet permettent d’éviter ces coûts mais aussi de conserver une certaine mobilité : Skype, Hangout, Whatsapp, notamment.
Je fais de l’accompagnement [après les formations] de 2 façons. Je l’offre en présentiel lors de rencontres individuelles et aussi en rendez-vous téléphoniques. Je n’ai pas besoin du visuel, je détecte suffisamment avec la voix en général. Cela permet aussi aux gens de faire des rencontres avec moi n’importe où et n’importe quand, alors que si on voulait utiliser le dispositif technologique parfait, cela amènerait des contraintes. Cela dit, plusieurs de mes collègues font des rencontres par Skype. Si une consultante décidait, par exemple, d’aller en Floride pour 3 mois, elle n’aurait pas à arrêter ses activités professionnelles. Elle pourrait tout à fait continuer via Skype par exemple.
Catherine Venne
Consultante en ressources humaines spécialisée en développement des compétences, Chargée de cours universitaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM et formatrice à distance depuis 2003.
Interagir par la vidéo
Dans la section 7.1 du guide, nous avons analysé le potentiel de la vidéo comme support pédagogique interactif. Maintenant, voyons une autre utilisation de la vidéo, non plus comme un contenu statique, mais dans sa capacité à permettre des échanges interpersonnels.
Dans ce contexte, la vidéo n’est pas considérée comme un matériel didactique (comme la vidéo d’un cours, par exemple), mais comme un moyen de transmettre de l’information à une autre personne, au même titre que de laisser un message audio. Le formateur ou la formatrice peut par exemple enregistrer une courte vidéo explicative pour un·e élève qui a besoin d’informations supplémentaires. Cet·te élève pourra donc consulter cette vidéo à son rythme.
La vidéo peut aussi être utilisée dans des contextes synchrones par le biais d’applications qui permettent de passer des appels en vidéo conférence, comme Skype.
Il peux y avoir une multitude de contextes d’interaction par l’audio ou la vidéo en FAD. Nous vous proposons d’en apprendre plus sur une pratique très intéressante développée par le Cégep à distance : proposer aux tuteurs et tutrices de faire une rétroaction aux étudiant·es soit par audio, soit par vidéo. Cette présentation a été réalisée dans le cadre d’un atelier de perfectionnement du REFAD.
Interagir sur des plateformes multimodales synchrones
Nous avons tenu à distinguer les plateformes de type Skype qui permettent de passer des appels audio et vidéos par le biais d’internet des plateformes plus complexes pour l’interaction multimodale synchrone, comme les plateformes de webconférence ou de webinaire en ligne.
Les plateformes de webinaire ou de réunion en ligne permettent d’interagir de manière très variée. La plupart ou parfois toutes les fonctionnalités ci-dessous sont comprises dans les plateformes de webinaire :
- l’utilisation de la vidéo,
- l’utilisation de l’audio (microphone, partage de contenus audios),
- la conversation par clavardage,
- la communication non-verbale (symboles pour lever la main, dire OK, applaudir, etc.),
- lancer des sondages,
- écrire sur des documents affichés à l’écran ou sur un tableau blanc,
- séparer le grand groupe de réunion en petits groupes.
Adobe Connect ou encore Zoom sont 2 exemples de plateformes de webinaire ou de réunion qui peuvent convenir à des groupes de taille moyenne à grande (plusieurs centaines de participant·es).