4. Critères pour sélectionner un outil de formation à distance interactive

Parlons maintenant du choix d’outils techniques. C’est un choix qui doit être fait de manière réfléchie et guidée car les outils retenus seront un déterminant clé de la réussite de votre formation à distance interactive utilisant les technologies connectées.

De plus, les logiciels, plateformes et applications foisonnent à un point tel qu’il serait difficile de tous les lister. Comment donc se retrouver et choisir le bon outil lorsque toutes les fiches techniques disponibles sont aussi dithyrambiques les unes que les autres et promettent d’offrir l’outil qu’il vous faut?

Plutôt que de cibler des outils et marques spécifiques, cette section du guide vous propose des lignes directrices dont vous pouvez vous servir pour naviguer parmi l’abondance d’options actuellement disponibles sur le marché. Nous vous présentons ici des conseils d’éléments clés à considérer pour guider votre choix.

Les conseils sont disposés en 4 parties. Nous vous proposons tout d’abord des conseils généraux à appliquer quel que soit le type d’outil que vous recherchez. Ensuite, 2 sections sont consacrées à des types d’outils très répandus en FAD : les outils de conférence web et les plateformes de clavardage. Enfin, suivant la tendance à la hausse en formation pédagogique aussi bien qu’andragogique, nous listerons quelques conseils pour bien choisir votre outil de création de vidéos interactives.


Les critères communs

Définir le type de formation et la clientèle.

Le choix de votre outil doit se faire en fonction de la formation que vous souhaitez dispenser, donc découler directement de l’étape de conceptualisation réalisée auparavant. Vous devez choisir l’outil technologique qui conviendra le mieux au contexte de formation anticipé.

  • Le public : pensez dès le départ aux personnes qui seront amenées à utiliser l’outil ou le matériel créé à partir de cet outil. Quelle est la familiarité de votre groupe avec le type de technologie que vous souhaitez utiliser? Certain·es apprenant·es ont-ils·elles des besoins ou enjeux d’accessibilité particuliers (motricité, utilisation d’aides à la lecture d’écran, etc.)?
  • La temporalité : s’agit-il d’une formation synchrone, asynchrone, statique, hybride? La réponse à cette question vous permettra d’effectuer une première sélection des modes d’interaction les plus adaptés.
  • Le temps d’adaptation disponible : si vous devez dispenser une formation qui tient en une seule séance de 2 heures, peut-être vaut-il mieux choisir un outil rapide à prendre en main. Par contre, si vos apprenant·es doivent travailler avec le même outil sur une longue période, par exemple une année scolaire, vous aurez un peu plus de marge de manœuvre et pourrez choisir un outil un peu plus complexe et qui nécessite un peu plus de temps de familiarisation.
  • Les objectifs de la formation : il faut toujours garder en tête que l’outil technologique doit rester un moyen d’atteindre l’objectif de la formation. Choisissez donc les formats de matériel les plus cohérents avec votre activité. Un exemple : dans une formation où il faut retenir des gestes techniques, une vidéo peut être plus parlante qu’une baladodiffusion pour réviser ses postures.

Tenir compte des ressources disponibles.

En plus des capacités de l’outil, il est important de déterminer les ressources disponibles tant pour vous en tant que formateur ou formatrice que pour les étudiant·es. Ces ressources sont de plusieurs ordres présentés ci-dessous.

  • Le budget : les outils sur le marché existent dans des gammes de prix très étendues, de la gratuité à plusieurs centaines de dollars. Il est donc important de définir combien vous pouvez investir et si cette dépense est un bon rapport qualité-prix par rapport à l’usage que vous souhaitez faire de l’outil. En somme, votre choix s’appuie sur 2 éléments : quel est votre portefeuille et y a-t-il un ratio raisonnable entre le prix de l’outil et ce qu’il vous permet de faire? De même, quel sera le coût pour vos étudiant·es? Pourront-ils·elles assumer ces frais ou une mesure est-elle mise en place pour les aider à acquérir le matériel de formation nécessaire? Notez cependant que le prix n’est pas gage de qualité, un outil gratuit ou libre de droit peut être adéquat pour vos besoins alors qu’un outil plus cher peut ne pas convenir.
  • Les ressources humaines : prendre en main un nouvel outil demande du temps et des compétences techniques variables. Êtes-vous assez à l’aise avec le type d’outil que vous souhaitez utiliser ou avez-vous les ressources pour vous former? Avez-vous le temps de vous familiariser avec un outil très complexe avant de commencer à créer du contenu ou de l’utiliser avec votre groupe? Ce questionnement ne doit pas être négligé car l’introduction d’outils interactifs trop complexes ou inadaptés peut vous décourager et consommer un temps considérable. D’ailleurs, c’est une raison pour laquelle il est important de penser en termes de coûts et de ressources même pour les outils gratuits, parce que certains peuvent réclamer plus de temps de prise en main.
  • Les ressources techniques et matérielles à l’interne : vérifiez tout d’abord que vous ou votre organisme disposez de l’infrastructure et des personnes-ressources nécessaires pour vous aider dans la mise en place ou l’installation de l’outil que vous choisissez, si besoin. Identifier les ressources techniques vous permettra aussi de savoir qui contacter si vous ou vos étudiant·es rencontrez des difficultés.

La flexibilité de l’outil.

Idéalement, votre outil doit permettre d’interagir à partir de différents types de matériels : ordinateurs ou appareils mobiles. En effet, un grand attrait de beaucoup de formations à distance est qu’elles peuvent être suivies à son rythme et dans des conditions différentes voire en mobilité. Prenons le cas d’un·e adulte qui doit concilier travail, famille et études et qui souhaite réviser un cours dans les transports entre son travail et l’école de ses enfants. Cette personne utilisera donc un appareil mobile. Il ne faut donc pas négliger ce type de compatibilité.

Il faut aussi prendre en compte la compatibilité entre les marques des équipements : si vous choisissez un logiciel qui est uniquement disponible sur Apple, les apprenant·es disposant d’ordinateurs sous Windows ou Linux, ou encore d’appareils mobiles sous Android, Windows ou Google ne pourront pas l’utiliser. Essayez donc de trouver un outil qui peut être utilisé sur un large choix d’appareils pour éviter les problèmes de compatibilité. Il en va de même pour les formats de fichiers ou de ressources que vous souhaitez partager. Si vous souhaitez partager un ensemble de vidéos pédagogiques dans un dossier compressé ZIP, les utilisateurs·trices d’appareils Apple ne pourront pas les décompresser et les consulter. Envisagez donc des solutions alternatives, comme rendre ces vidéos consultables en ligne.

L’assistance en cas de problème.

Assurez-vous que votre outil dispose d’une documentation suffisamment claire pour vous guider dans son utilisation et vous donner des pistes de solution aux problèmes les plus courants qui pourraient survenir. Assurez-vous aussi qu’il y a un moyen de recevoir de l’assistance technique en français en cas de problème plus complexe. Ce détail est à vérifier dès le départ pour ne pas vous retrouver bloqué·e le jour où votre plateforme plante en pleine formation.


Choisir un outil de conférence web

L’outil est-il stable?

En effet, la stabilité et la convivialité des plateformes de visioconférence varient grandement. Il faut donc faire des tests avec différents outils, avec la participation de ses collègues en situation réelle. La qualité de l’outil technologique que vous allez sélectionner est fondamentale pour la réussite de la prestation de vos formations à distance synchrones ou hybrides. Au CDÉACF, nous utilisons la plateforme de visioconférence Zoom. Nous n’affirmons pas que cette plateforme soit parfaite, mais elle est très stable et conviviale, en plus d’avoir une interface en français.

Combien de branchements sont possibles?

Toutes les plateformes ne permettent pas de connecter le même nombre de personnes. Certaines sont conçues pour les réunions de petits groupes, entre 2 et une dizaine d’usagers et usagères, alors que d’autres peuvent accueillir de grands groupes de plusieurs centaines de branchements. Certaines plateformes proposent aussi des niveaux d’abonnement différents et des limites variables. Il faut donc tenir compte du nombre de personnes que vous souhaitez rejoindre pour votre formation à distance.

Si le nombre est réduit, un outil comme Skype peut très bien faire l’affaire en autant que les apprenant·es aient accès à un compte Microsoft. Ce qu’il faut retenir, c’est que selon le nombre d’apprenant·es et le type de formation à distance synchrone ou hybride que l’on désire offrir, l’outil peut varier. Il ne faut pas rester tributaire d’un seul outil technologique, mais connaître et maîtriser plusieurs outils selon les types de formations à distance que l’on désire offrir. Par exemple, si vous offrez une formation à distance à deux ou trois personnes, une plateforme de visioconférence n’est pas nécessairement l’outil le plus adapté.

Comment rejoindre l’audio?

Un élément essentiel à prendre en compte lors de la sélection de votre outil de formation synchrone ou hybride, c’est la qualité audio. En effet, une mauvaise qualité audio risque de ruiner la prestation de votre formation à distance. Les plateformes de conférence par le Web offrent trois options pour la transmission de l’audio.

  • Il est possible d’utiliser uniquement une plateforme de conférence téléphonique,
  • d’utiliser conjointement une plateforme de conférence téléphonique et l’audio par Internet,
  • ou encore d’utiliser uniquement l’audio par Internet.

L’utilisation du téléphone assure habituellement une qualité audio parfaite et imbattable. Le problème avec cette solution, c’est qu’elle augmente sensiblement les frais d’utilisation. L’utilisation du téléphone avec la majorité des plateformes de visioconférence fera grimper de façon importante les coûts de votre formation à distance.

Il est important cependant de mentionner que la qualité audio transmise par l’Internet a énormément évolué ces dernières années. Par exemple, avec la plateforme de visioconférence Zoom, la qualité de la transmission audio par Internet est excessivement stable et comparable à celle du téléphone.

Toutefois, nous vous conseillons de choisir une plateforme qui permet de rejoindre l’audio tant par internet que par téléphone. Cette option est particulièrement importante car il peut arriver que l’audio par internet soit de mauvaise qualité en cas de faible connexion ou que vos apprenant·es n’aient pas accès à un appareil connecté. Aussi, en cas de perte de connexion, il sera toujours possible de suivre la formation par téléphone pour perdre le moins de contenu possible, surtout si vous avez prévu d’envoyer le document de présentation.

Quelles sont les capacités vidéo?

Vérifiez que votre outil peut afficher en simultané le nombre de caméras dont vous avez besoin. Vérifiez aussi que la plateforme peut adapter la qualité de l’image en fonction du débit de la connexion internet des participant·es. Certaines plateformes gèrent cette fonction de manière automatique alors qu’il vous faut procéder manuellement sur d’autres. Pourquoi penser à cette adaptabilité? Car les flux vidéos demandent de plus importants débits Internet pour être transmis que l’audio. Donc, si vous ou une personne de votre classe ne disposez pas d’une connexion assez puissante, la plateforme réduira la qualité de l’image voire interrompra la vidéo pour économiser de la bande passante et faire passer l’audio en priorité. Plus une plateforme est flexible, plus le débit internet nécessaire pour diffuser la vidéo sera bas.

Quelles fonctionnalités interactives sont inclues?

Enfin, privilégiez une plateforme qui permet d’interagir de plusieurs manières. Bien entendu, les plateformes proposent de base de communiquer par l’audio, la vidéo et le clavardage. Toutefois, vérifiez aussi l’existence de certaines options plus avancées qui vous donneront ainsi qu’à votre groupe plus de souplesse pour interagir entre personnes et avec l’outil. Parmi les fonctionnalités très utiles en formation, vous pouvez retrouver :

  • le partage d’écran et de documents de présentation,
  • le tableau blanc, sur lequel peuvent écrire une ou plusieurs personnes,
  • les options de communication non-verbale, comme lever la main, utiliser des symboles pour le vote rapide (oui, non, applaudir, demander de ralentir, demander de répéter, etc.),
  • les formulaires de sondage.

Choisir un outil de clavardage

L’interface est-elle ergonomique?

La solution technologique choisie doit avoir une présentation claire et intuitive. En effet, le confort d’utilisation est très important et il faut aussi prendre en compte les éventuels enjeux d’accessibilité de votre groupe. Un exemple, les personnes sur le spectre de la neurodiversité auront beaucoup de difficulté à naviguer dans un outil dont l’interface est monochrome et manque de consistance, notamment : où sont les catégories de conversation? Comment se met en forme le texte? Les différentes fonctionnalités de la plateforme sont-elles facilement accessibles et utilisables? De manière générale, plus l’interface est intuitive et claire, plus la collaboration sera efficace et fluide.

Recherchez-vous un module de type réseaux sociaux?

Si vous avez besoin d’échanger rapidement quelques informations, peut-être qu’une application de clavardage de type réseaux sociaux peut suffire. Il s’agit de petits modules qui permettent à plusieurs personnes de discuter dans un seul canal de conversation. Ce type d’outil peut être pratique si vous recherchez une solution qui vous permet d’échanger rapidement sans forcément conserver de l’information complexe.

Recherchez-vous une plateforme de clavardage?

Si l’outil doit être utilisé par un groupe d’apprenant·es qui collaborent sur la durée ou pour gérer un projet, il sera plus judicieux de rechercher une plateforme plus développée qui permet entre autre de gérer plusieurs canaux de conversation et de partager différents formats de ressources (documents texte, PowerPoint, tableau de données, contenus web, etc.). Les différents canaux peuvent avoir des thématiques différentes pour permettre de mieux s’organiser. En contexte de gestion de projet, chaque canal peut être consacré à une étape ou à un aspect spécifique du travail à réaliser.

Voulez-vous créer un blog?

Si la plateforme n’est pas un outil support pour un contexte de planification ou de gestion de projet notamment, mais que vous cherchez un moyen d’ouvrir un espace d’échange et de partage de ressources avec vos étudiant·es, les plateformes de type blog peuvent être un atout. Les utilisations pédagogiques du blog convainquent de plus en plus de formatrices et formateurs qui y voient un potentiel important pour la FAD. Cependant, il ne faut pas négliger l’investissement que demande l’entretien d’un blog aux formateurs·trices. En effet, vous devez avoir un rôle actif pour susciter les contributions et animer le contenu car les contributions ne se font pas toujours de manière organique!


Choisir un outil de création de vidéos interactives

Voulez-vous créer des vidéos filmées?

Pour créer des vidéos filmées, il vous faut trouver, en plus du matériel de tournage, un bon logiciel d’édition. Il existe une panoplie de logiciels, certains plus faciles à prendre en main que d’autres.

Bien que l’édition de vidéo demande un peu d’entraînement, le logiciel doit être suffisamment ergonomique pour vous permettre d’identifier rapidement les fonctionnalités que vous allez utiliser couramment (couper, copier, ajouter de la musique ou des voix, sauvegarder un projet, exporter une vidéo, etc).

Si vous voulez acheter un logiciel, nous vous conseillons de profiter au maximum de la version d’essai pour vérifier que vous en comprenez le fonctionnement.

Voulez-vous créer des capsules d’animation?

De même que pour un logiciel d’édition vidéo, un logiciel de création de capsules d’animation doit être ergonomique et intuitif. Certains outils sont plus faciles à prendre en main que d’autres, faites donc des tests au préalable.

Vérifiez également que le logiciel propose des modèles pour commencer rapidement. Ce détail de prime abord anodin peut vous économiser un temps considérable. En effet, si vous n’avez pas le temps de partir de zéro ou souhaitez juste avoir une base de scénario à personnaliser, les canevas proposés par le logiciel seront d’une grande aide.

Ensuite, assurez-vous d’avoir assez de marge de personnalisation : pouvez-vous créer de nouveaux personnages, ajouter votre voix ou de la musique, importer des images ? Ce critère vous permettra de créer des capsules uniques et adaptées à votre contexte de formation.

Dernier point, vérifiez que l’outil vous permet d’exporter vos capsules au format MP4, un format optimisé pour le partage et la mise en ligne des contenus vidéos.

Où allez-vous diffuser les vidéos interactives?

Vous avez créé votre vidéo ou votre capsule animée et souhaitez maintenant y ajouter des activités interactives. Déterminer quelle infrastructure est mise à votre disposition permettra de choisir le type d’outil à rechercher et quelles fonctionnalités interactives vous pourrez utiliser :

  • Vous allez diffuser sur une plateforme d’hébergement de vidéos en ligne : la plateforme que vous allez choisir devrait vous permettre de rajouter des écrans interactifs à vos vidéos. Si on se base sur YouTube pour exemple, vous avez la possibilité de rajouter des annotations, des infobulles cliquables proposant des recommandations de contenu complémentaire, un écran de fin de vidéo que vous pouvez configurer pour conseiller d’autres vidéos à consulter suite à celle qu’on vient de visionner.
  • Vous allez héberger les vidéos interactives sur le site de votre organisme : vous pouvez à ce moment rechercher un module comme H5P qui peut s’intégrer au site et à partir duquel vous allez créer et diffuser vos activités interactives. Recherchez les compatibilités du logiciel avec l’environnement de votre site, par exemple WordPress, Moodle, Joomla ou Drupal.
  • Vous n’avez pas de site dédié ou compatible avec des modules disponibles : la plupart des logiciels de création de vidéos interactives permettent uniquement de sauvegarder vos activités interactives dans un format propriétaire. C’est-à-dire qu’il vous faut obligatoirement utiliser leur module ou leur lecteur pour pouvoir lire et utiliser le fichier d’activité créé. Si vous souhaitez créer des exercices qui vont au-delà des notes et infobulles disponibles sur des plateformes comme YouTube, mais ne pouvez pas héberger vos contenus interactifs sur un site internet dédié, vous avez tout intérêt à rechercher un outil qui offre un hébergement en ligne. Par exemple, H5P propose certes des modules à installer sur votre site à partir du site H5P.org, mais aussi un espace en ligne indépendant à partir de H5P.com dans lequel vous pouvez créer et diffuser vos activités. Cet espace est cependant payant.